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Nythamar DE OLIVEIRA « La question de la tolérance chez Spinoza »

Bien que le mot latin tolerantia soit un hapax legomenon dans le Tractatus theologico-politicus et qu'il n'y ait pas de consensus parmi les commentateurs de Baruch de Spinoza sur la présence effective d’une théorie de la tolérance chez Spinoza, surtout dans ses écrits éthico-politiques, il ne fait aucun doute que sa défense systématique de la liberté de pensée et des croyances peut être considérée comme une critique cinglante de l'intolérance religieuse de son temps et donc comme une préfiguration des théories démocratiques de la tolérance libérale, comme les formuleront plus explicitement Bayle, Locke, Voltaire et Montesquieu. Certes, Spinoza n'a pas encore explicitement articulé un rapprochement des idéaux libéraux modernes, tels que les libertés fondamentales et l'idée même de tolérance, avec les concepts républicains de participation et de souveraineté populaire. En effet, le plus gros problème de la philosophie spinozienne de la tolérance consiste précisément à l'insérer dans sa reformulation du corps politique et du souverain face aux libertés individuelles. Dans cette communication, je propose une lecture minimaliste de la tolérance chez Spinoza, basée sur son appropriation critique des conceptions médiévales et de la Renaissance qui n'incluaient pas encore l'idée de tolérance religieuse, montrant que cela aurait été l'une des innovations de la pensée politique de Spinoza. En effet, inspiré par une lecture critique de Maïmonide, Crescas, Gersonide et des kabbalistes ibériques, Spinoza défendait un universalisme moral beaucoup plus radical que ceux offerts par des interprétations orthodoxes et conservatrices du judaïsme et du christianisme. NdO.

Nythamar de Oliveira (http://nythamar.com/) est né à Rio et enseigne l'éthique et la philosophie politique àl'Université catholique pontificale de Porto Alegre (PUCRS), au Brésil, depuis 1999, où il développe un programme de recherche interdisciplinaire en naturalisme et normativité, soutenu par le Conseil national de la recherche (CNPq), depuis 2012, et travaille comme coordonnateur de l'évaluation des programmes de philosophie du Brésil dans le cadre de l'agence de recherche fédérale CAPES. Docteur en philosophie de l'Université d'État de New York (1990-94), il a obtenu une licence et une maîtrise en théologie de la Faculté de Théologie Réformée d'Aix-en-Provence (1983-87) et une maîtrise en philosophie de l'Université de Villanova (Pennsylvanie, 1988-90). Il est professeur invité à l'Université de Toledo, Ohio, États-Unis, depuis 2007, et a effectué des recherches postdoctorales à la New School for Social Research (New York), à la London School of Economics, à l'Université de Miami et à l'Universität Kassel (Allemagne), où il a été chercheur associé à l'Alexander von Humboldt Stiftung. Il a publié 5 livres en nom propre, dirigé 15 volumes et publié plus de 70 articles dans des revues nationales et internationales.