May
12
6:00 PM18:00

Mogens LAERKE « Spinoza et la liberté de philosopher »

Dans cette intervention, je me penche sur la question au centre du livre sur Spinoza que j’ai publié en 2021, Spinoza and the Freedom of Philosophizing (Oxford 2021). Que faut-il entendre, exactement, par “liberté de philosopher” ? Je voudrais notamment insister sur la différence qui existe entre ce que Spinoza désigne comme la liberté (libertas) de philosopher qui figure dans le sous-titre du Tractatus theologico-politicus et la permission (licentia) de penser ce qu’on veut et de dire ce qu’on pense qu’il défend dans le chapitre XX. À partir d’une analyse du chapitre XI surtout, je montre ainsi comment, chez Spinoza, la liberté de philosopher ne se réduit pas à un droit civil individuel mais qu’il s’agit plutôt d’un style d’échange, et comment la liberté de philosopher correspond à l’exercice collectif d’une forme d’autorité très particulière – ce que Spinoza désigne comme une autorité d’enseigner et de conseiller – qui appartient à toute personne humaine comme un droit naturel inaliénable. ML.

Mogens LÆRKE est directeur de recherche au CNRS, associé à la Maison Française d’Oxford et à l’IHRIM (UMR 5317) à l’ENS de Lyon. Spécialiste de la philosophie moderne, il a notamment publié Leibniz lecteur de Spinoza (Paris 2008), Les Lumières de Leibniz (Paris 2015) et Spinoza and the Freedom of Philosophizing (Oxford 2021). Il codirige en outre les collections BSHP New Texts in the History of Philosophy(Oxford University Press, avec M. R. Antognazza et M. Beaney) et Libertinage et Philosophie à l’époque classique (Classiques Garnier, avec P. Girard et N. Gengoux).  Il travaille actuellement sur un projet consacré à la culture scientifique et les théories des notions communes à l’âge classique.



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Apr
14
6:00 PM18:00

Stéphane VINOLO : « Le don de Dieu – Spinoza et Jean-Luc Marion »

Jean-Luc Marion n’est que rarement sévère à l’égard des philosophes. Il reconnaît, même à ses adversaires, le mérite de lui servir d’obstacle afin d’exposer ses thèses au péril de la réfutation. Seul Spinoza échappe à cette règle puisque sa lecture, selon Marion « dispense de l’exigence conceptuelle ». Il y aurait ainsi une exception Spinoza, exception dont les philosophes marqués par une religion n’ont cessé de signaler l’importance. Pourtant, loin de ce rejet simple et massif, nous trouvons, dans les textes de Marion, une utilisation de Spinoza sur deux des points les plus centraux de la phénoménologie de la donation. D’abord, puisque rien ne peut être, chez Spinoza, au-delà de la nature, il y aurait, dans sa philosophie, le chemin d’une sortie hors de la métaphysique. Deuxièmement, la conception d’un don pleinement immanent, sans donateur, n’est-elle pas celle que nous trouvons dans la philosophie de Spinoza, puisque la relation entre la substance et les modes n’est pas une relation de causalité mais d’expression ? Loin donc, d’une opposition radicale entre Marion et Spinoza, nous montrerons que non seulement la phénoménologie de la donation peut servir comme un principe herméneutique des textes de Spinoza, mais en plus qu’elle nous permet de questionner la place de Spinoza dans l’Histoire de la métaphysique. SV.


Stéphane VINOLO, Docteur en Philosophie de l’université de Bordeaux Michel de Montaigne, et Docteur en Théologie de l’université de Strasbourg, est actuellement Professeur de philosophie à la Pontificia Universidad Católica del Ecuador, à Quito (Équateur). Ses recherches portent sur la philosophie française contemporaine et la philosophie pré-critique du XVIIe. Sur Jean-Luc Marion, il a publié Dieu n’a que faire de l’être – Introduction à l’œuvre de Jean-Luc Marion (Paris : Germina, 2012), et Jean-Luc Marion – Apologie de l’inexistence, 2 vols., Paris : L’Harmattan, 2019).  Spinoza occupe une place importante dans le volume 3 de son ouvrage La Transparence est l’obstacle (Par-dessus le marché : Spinoza, Smith, Derrida, Girard,  Paris : L’Harmattan, 2018). Il a publié également  Clément Rosset – La philosophie comme anti-ontologie (Paris : L’Harmattan, 2012), et Alain Badiou – Vivre en immortel (Paris : L’Harmattan, 2014). Il prépare actuellement un ouvrage sur la psychanalyse existentielle de Jean-Paul Sartre.

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Mar
10
6:00 PM18:00

Nythamar DE OLIVEIRA « La question de la tolérance chez Spinoza »

Bien que le mot latin tolerantia soit un hapax legomenon dans le Tractatus theologico-politicus et qu'il n'y ait pas de consensus parmi les commentateurs de Baruch de Spinoza sur la présence effective d’une théorie de la tolérance chez Spinoza, surtout dans ses écrits éthico-politiques, il ne fait aucun doute que sa défense systématique de la liberté de pensée et des croyances peut être considérée comme une critique cinglante de l'intolérance religieuse de son temps et donc comme une préfiguration des théories démocratiques de la tolérance libérale, comme les formuleront plus explicitement Bayle, Locke, Voltaire et Montesquieu. Certes, Spinoza n'a pas encore explicitement articulé un rapprochement des idéaux libéraux modernes, tels que les libertés fondamentales et l'idée même de tolérance, avec les concepts républicains de participation et de souveraineté populaire. En effet, le plus gros problème de la philosophie spinozienne de la tolérance consiste précisément à l'insérer dans sa reformulation du corps politique et du souverain face aux libertés individuelles. Dans cette communication, je propose une lecture minimaliste de la tolérance chez Spinoza, basée sur son appropriation critique des conceptions médiévales et de la Renaissance qui n'incluaient pas encore l'idée de tolérance religieuse, montrant que cela aurait été l'une des innovations de la pensée politique de Spinoza. En effet, inspiré par une lecture critique de Maïmonide, Crescas, Gersonide et des kabbalistes ibériques, Spinoza défendait un universalisme moral beaucoup plus radical que ceux offerts par des interprétations orthodoxes et conservatrices du judaïsme et du christianisme. NdO.

Nythamar de Oliveira (http://nythamar.com/) est né à Rio et enseigne l'éthique et la philosophie politique àl'Université catholique pontificale de Porto Alegre (PUCRS), au Brésil, depuis 1999, où il développe un programme de recherche interdisciplinaire en naturalisme et normativité, soutenu par le Conseil national de la recherche (CNPq), depuis 2012, et travaille comme coordonnateur de l'évaluation des programmes de philosophie du Brésil dans le cadre de l'agence de recherche fédérale CAPES. Docteur en philosophie de l'Université d'État de New York (1990-94), il a obtenu une licence et une maîtrise en théologie de la Faculté de Théologie Réformée d'Aix-en-Provence (1983-87) et une maîtrise en philosophie de l'Université de Villanova (Pennsylvanie, 1988-90). Il est professeur invité à l'Université de Toledo, Ohio, États-Unis, depuis 2007, et a effectué des recherches postdoctorales à la New School for Social Research (New York), à la London School of Economics, à l'Université de Miami et à l'Universität Kassel (Allemagne), où il a été chercheur associé à l'Alexander von Humboldt Stiftung. Il a publié 5 livres en nom propre, dirigé 15 volumes et publié plus de 70 articles dans des revues nationales et internationales.

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Dec
9
6:00 PM18:00

Marta Libertà DE BASTIANI « Les Lettres de Spinoza : histoire, philosophie et langage »

  • Université Paris 8 Vincennes Saint-Denis, Maison de la Recherche, Salle A2-204 (map)
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De toutes les choses qui ne dépendent pas de moi, il n’en est point qui me soit plus douce que de me lier avec de sincères amis de la vérité » écrivait Spinoza à Blijenberg, identifiant sa correspondance avec un espace commun d’amitié virtuelle, consacré à la recherche de la vérité. Spinoza, éloigné d’Amsterdam après avoir été frappé par le Herem, continue la discussion avec son cercle et répond aux critiques de ses adversaires, en clarifiant les points obscurs de sa pensée et en démontrant son habileté maïeutique. Toutefois, l’intérêt des Lettres n’est pas seulement théorique. D’un point de vue historique, elles nous aident à comprendre l’évolution de la pensée spinozienne, autant que son milieu culturel, ses relations et les tensions qui les traversent. D’ailleurs, les Lettres sont elles-mêmes un produit historique, car ce que nous lisons n’est que la sélection opérée par les éditeurs spinoziens. Enfin, bien que la correspondance à l’âge classique soit une forme d’écriture publique, le langage utilisé est parfois plus libre que dans les traités. Le style géométrique laisse souvent la place à la manifestation des émotions. Ici on observe le Spinoza qui discute avec la rigueur qui lui est propre, autant que le Spinoza qui se fâche, qui s’amuse, qui ironise avec les ennemis et qui se préoccupe du bien-être des amis. MLDB.

 

Marta Libertà DE BASTIANI a étudié à l’université Roma Tre et à l’ENS de Lyon, où elle a soutenu sa thèse intitulée « Spinoza et les historiens latins. L'usage des histoires, citations et exemples dans la philosophie politique spinozienne ». Elle s’intéresse à la philosophie politique de l’âge classique, en particulier à la pensée politique de Spinoza. Elle travaille actuellement à l’université de Roma Tre, en collaboration avec Francesco Toto. Membre de la Societas Spinozana, Société italienne pour les études spinozistes, et de la rédaction des revues de philosophie Consecutio Rerum (Rome) et In Circolo (Milan), elle enseigne la philosophie et l’histoire au lycée et, avec l’association Laudes, donne des cours privés de grec et latin.



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Nov
18
6:00 PM18:00

Christophe MIQUEU : « Spinoza, républicain moderne ? »

Quand on étudie la philosophie politique de Spinoza, on a ordinairement tendance à se focaliser prioritairement sur son rapport (et sa différence) avec Hobbes. On satisfait ainsi à une histoire de la pensée politique très articulée autour de la rupture qu’introduirait ce dernier dans la modernité politique. On en oublie d’interroger d’autres grilles de lecture, s’inscrivant dans un héritage plus long, et notamment la manière dont Spinoza se positionne originalement par rapport à l’héritage républicain. Dans le prolongement du livre Spinoza, Locke et l’idée de citoyenneté. Une génération républicaine à l’aube des Lumières (Classiques Garnier, 2012), nous reviendrons sur la manière dont Spinoza, dans un contexte républicain lui-même singulier, comprend à nouveaux frais l’idée de citoyenneté républicaine près d’un siècle avant Rousseau et contribue à en restaurer le désir collectif. Nous nous attacherons ainsi à souligner la modernisation de l’héritage républicain européen réalisée par sa philosophie politique, et l’articulation nouvelle entre le principe individualiste hobbesien et les schèmes classiques de la tradition républicaine qui apparaît comme le moteur théorique d’un nouveau paradigme de la citoyenneté républicaine à l’aube des Lumières. CM.

Christophe MIQUEU est Professeur des Universités en philosophie politique à l’Université de Bordeaux (INSPE d’Aquitaine), membre du laboratoire SPH (EA 4574), et membre associé du CEVIPOF. Il travaille sur l’histoire et l’actualité de la pensée républicaine et est notamment l’auteur de Spinoza, Locke et l’idée de citoyenneté. Une génération républicaine à l’aube des Lumières (Classiques Garnier, 2012)



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