"Dans Spinoza et le problème de l'expression, Deleuze oppose philosophie et révélation. L'expression, modalité privilégiée de l'immanence et de la compréhension, est opposée à la "connaissance par signes", réservée au domaine de la révélation et destinée aux ignorants. La question du statut ontologique de la révélation (c'est-à-dire de sa nécessité) est ainsi évacuée. Levinas, dans une démarche apparemment inverse à celle de Deleuze, reproche à Spinoza d'avoir soumis la révélation à trop de nécessité, manquant ainsi sa dimension "signifiante". Alors, trop de signes ou pas assez ? A partir d'une lecture du Traité Théologico-politique, de la méthode d'interprétation de la Bible en particulier, je tenterai de voir comment la question du symbolique s'inscrit dans la pensée de Spinoza. Je définirai le symbolique comme cette tendance à la surinterprétation (superstition?) sans laquelle la compréhension philosophique ne serait pas possible." CM
Catherine MALABOU est Professeure au Centre for Research In Modern European Philosophy à l’Université de Kingston au Royaume-Uni. Elle a publié de nombreux ouvrages, parmi lesquels L'Avenir de Hegel. Plasticité, temporalité, dialectique (Paris, Vrin, 1994), La Contre-allée (avec Jacques Derrida, Paris, La Quinzaine littéraire - L. Vuitton, 1999), Que faire de notre cerveau ? (Paris, Bayard, 2004), Changer de différence (Paris, Galilée, 2009), Sois mon corps (avec Judith Butler, Paris, Bayard, 2010). Son dernier livre s’intitule Avant Demain, Épigenèse et rationalité (PUF, 2014).