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Kim Sang ONG VAN CUNG : « L'unité du collectif chez Spinoza et Sartre »



"Ce qui, à première vue, fait difficulté dans une comparaison de l’ontologie politique de Sartre et de Spinoza, c’est qu’elle se heurte à l’objection suivante : Sartre aurait utilisé un mode de pensée dialectique, or on ne trouve pas de dialectique ni de pouvoir du négatif chez Spinoza. Mais c’est depuis l’importance contemporaine de Marx qu’il convient derelire ensemble Sartre et Spinoza, et de ce point de vue l’objection est peut-être moins massive. Il y aurait un autre usage contemporain de Spinoza. Spinoza peut en effet éclairer deux points principaux de la Critique de la raison dialectique : (1) il n’y a de l’être que social mais cet être social est néanmoins frappé d’une impuissance irréductible ; ou encore, si l’individu est social, néanmoins les relations sociales sont subies ; (2) le collectif est un fait historique et il n’y a aucune raison de chercher à le déduire. Il s’agit de penser l’action commune du groupe chez Sartre, en tant qu’elle se fait jour à partir de l’aliénation ou du pratico-inerte et du collectif comme sérialité ; ou si l’on veut, il s’agit, de penser le pouvoir constituant du social à partir de la multitude : les affects de peur, de sérialité ou d’imitation et d’indignation y paraissent centraux. Je souhaite revenir sur cette comparaison et sur certains enjeux classiques depuis l’investissement, par Alexandre Matheron, de la question de l’indignation dans la politique de Spinoza, parce que je ne suis pas au clair sur ce qui fait l’unité du collectif quand on refuse à la fiction juridique du contrat social et du corps politique. Mais est-ce vraiment ce que l’un et l’autre ont avancé ? Je voudrais tenter de faire une place au rapport de l’histoire et de la fiction et poser de ce point de vue la question de l’unité du collectif chez ces deux auteurs." KS OVC.

Kim Sang Ong-Van-Cung est Professeure à l’Université Bordeaux Montaigne et membre de l’équipe de recherches SPH. Elle a récemment publié L’Objet de nos pensées. Descartes et l’intentionnalité (Vrin, 2012) et une édition desSix Discours sur la distinction et l’union du corps et de l’âme de Gérauld de Cordemoy (Vrin, 2016). Elle a aussi publié des études sur Spinoza, et récemment dans le volume Spinoza-Deleuze : lectures croisées (ENS Éditions, 2016). Son travail porte actuellement sur la critique du sujet moderne et les relectures contemporaines du cogitodans la philosophie française contemporaine et le réinvestissement de ces questions dans le domaine pratique.